Je vais vous raconter les jours 1 à 3 dès maintenant, parce que sinon j'ai peur de ne pas être assez proche de la réalité, déjà on est le 4e jour et déjà je me rends compte que c'est dur de retranscrire fidèlement ce que j'ai ressenti.

Jour 1 - Zéro clope. Que dire de cette première journée sans tabac depuis si longtemps ? Si longtemps non, en réalité, il y a eu quelques dimanches au cours de cette année, au cours desquels je n'ai pas fumé mais il restait toujours une clope pour le soir ou je savais que je pourrais en taxer au moins une, ou au pire, fumer quelques mégots, quitte à fouiller dans la poubelle. La différence là, c'est que j'ai pris une décision.

Quel vide... quelle tristesse et quelle angoisse.

Je ne sais pas ce qui se passe mais mon corps réagit, j'ai des brûlures dans l'oesophage ça fait super mal, et j'ai du mal à respirer tout au long de la journée. Je me sens tellement toute seule sans mes cigarettes. J'ai l'impression vraiment, d'avoir perdu une amie. J'ai envie de pleurer. Je suis aussi très en colère contre je ne sais pas qui ou quoi parce que j'ai été comme obligée de décider d'arrêter.

Comme je me sens vraiment très très sale en dedans, dans les poumons, la peau, les cheveux, dans la bouche, je suis sûre de ne pas fumer ce jour. Je veux vraiment me "nettoyer". Je me sens vraiment dégueulasse de goudrons et toutes ces substances je me sens intoxiquée. Il faut dire que sortir les poubelles m'épuise... je me fais pitié. J'ai honte de moi et la première journée, douloureuse, se passe sans aucune envie de fumer.

Jour 2 - Zéro clope.

Je suis obligée de décider d'arrêter parce que c'est trop cher et parce que je ne peux pas faire autrement sinon j'en fumerais bien une par jour mais je sais très bien que c'est illusoire.

C'est ce que je pense tout au long de cette deuxième journée, je gonfle un peu tout le monde avec ma haine des grands qui nous méprisent nous les petits, vous voyez le genre de discours, je suis très remontée contre la hausse des prix, je suis très remontée contre tout le business du tabac.

Je lis Allen Carr. Je l'ai déjà lu mais ça ne peut pas me faire de mal de le relire. Il est très fort c'est vrai. J'en reparlerai de ce qu'il m'apporte son livre.

Pour me calmer aussi, je décide d'aller faire un tour sur Internet. Je suis aussi inquiète parce que ces brûlures ça ne s'en va pas. Je m'inscris sur un forum de discussion et dès les premières minutes je trouve beaucoup de réconfort au milieu de tout un tas de gens qui partagent exactement les mêmes souffrances que moi ou qui les ont vécues. Vraiment je suis dans mon élément, personne ne me juge, tous ils comprennent, tous ils savent, je trouve beaucoup de force à puiser là-bas.

Le forum qui m'aide énormément :

http://forum.doctissimo.fr/sante/arreter-fumer/liste_sujet-1.htm

pour me trouver, mon pseudo est ni-ko-ti-ne

Vous pouvez lire mes participations à ce forum du 9 et 10 novembre 2010 qui sont les jours 2 et 3 : pathétique là franchement, j'ai l'air d'une folle enragée, forcément, je m'y rends pour adoucir mes souffrances donc je montre le pire côté de ma personnalité déjà pas naturellement très douce. J'y rencontre des gens qui souffrent encore plus ou pour qui c'est clairement plus difficile que moi, leur situation, leur parcours de vie, pour arrêter à eux il leur faut plus de force et de courage. Pour certains, ça fait 30 ans. Ça me calme pas mal tout ça.

La deuxième journée, agitée, se passe sans aucune envie de fumer mais quelques habitudes m'interpellent = au moment de prendre le café du matin, à la fin du déjeuner, du dîner, juste avant de partir bosser, en éteignant l'ordinateur ou la télé... bon sang dire qu'à chaque fois, j'en fumais une...

Jour 3- Zéro clope.

Toujours mal physiquement avec cette sensation de brûlure, cette angoisse, je décide de passer à la pharmacie, le pharmacien me donne juste des trucs homéopathiques (j'y ai jamais vraiment adhéré) il dit que si j'ai commencé sans rien autant continuer (ok va pour les granules). Je pensais qu'il allait me proposer plein de trucs supers pour me décongestionner, dégoudronner, dépoussiérer et je suis déçue. Je m'achète des eaux aromatisées et des bonbons en désespoir de cause.

Par contre je remarque mais sans trop y prêter attention, que je mange plus que d'habitude.

Je suis moins abattue moralement que le jour 2 mais je suis toujours un peu triste. Mais quand je pense à tous les trucs débiles que j'ai fait au cours de ma vie à cause d'une cigarette, ça me fait sourire alors que la veille, ça me donnait vraiment envie de pleurer. J'attends avec impatience de ressentir un grand changement, sensation physique et morale. Pour le moment, c'est pas vraiment ça. La troisième journée connaît une petite amélioration, comme une lueur d'espoir, elle se passe avec des pensées pour ma tendre amie perdue qui tue les gens mais pas envie de fumer véritablement.

Jour 1 à 3

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