Portrait de fumeuse

Bonjour, j'ouvre ce blog pour tenir un journal de bord au sujet de mon arrêt du tabac. J’essaierai de venir tous les jours ou sinon assez régulièrement.

J'ai fumé ma dernière cigarette il y a 4 jours, c'est à dire le dimanche 7 novembre 2010 vers environ 23 heures. Je pense que raconter l'aventure pourra m'aider et aussi aider d'autres personnes. Comme je ne suis pas sûre de tenir, je cherche ce qui peut m'aider. Je vous préviens je suis "en souffrance" on se comprend, et je parle comme ça vient et je ne suis pas très agréable en ce moment.

Je ne suis pas de ceux qui arrêtent de fumer avec le sourire et qui courent à la salle de gym se refaire une santé. Je vais commencer par me présenter en dressant mon portrait de fumeuse.

J'ai 34 ans et je fume depuis l'âge de 17 ou 18 ans, ça veut dire que quand je dis que ça fait 15 ans, c'est même pas vrai, ça fait plus.

Au début. J'ai commencé au lycée, vous savez, c'était cool et j'avais l'air cool. Le lycée quoi.

Je n'ai pas trop fumé à cette époque et puis j'ai arrêté pendant quelques temps, et ce à plusieurs reprises, jusqu'à l'âge de 21 ans ou 22. Là, ça a commencé à devenir quotidien la clope, plus de pauses, de moins en moins de je fais un effort quand je suis chez des non-fumeurs par exemple et plus du tout de je vais m'en passer pour un weekend ou une semaine de vacances etc. terminé tout ça. Aussi à cette période ont commencé les pics à 2 paquets/jour sur certains mois. Je sortais beaucoup. C'était un paquet le jour et un paquet la nuit.

Ensuite. Jusqu'à l'âge de environ 29 ans, j'ai fait plusieurs essais pour arrêter, mais je me suis pas trop foulée on peut dire. Puis il y a eu une période de 4 ou 5 mois sans fumer ou presque, une ou deux ou trois max. par jour, ça s'est fait naturellement car je n'étais pas chez moi et fumer était très compliqué alors.  Et puis depuis l'âge de 30 ans, non-stop.

L'hécatombe. Et depuis deux ans ou trois même, ça va en s'empirant. Je ne fais plus rien sans allumer une clope avant et aussi après et aussi pendant :

- avant de regarder un film, à la fin du film, et puis allez, avant je ne faisais pas ça mais qu'est-ce que j'en ai à faire, je fume aussi pendant le film qu'est-ce que ça change, j'ai envie et point barre

- avant d'aller prendre une douche et après avoir pris la douche (et je suis essouflée parce que le moindre effort me fatigue, alors je m'assois sur la cuvette des WC pour me remettre de l'effort de la douche)

- avant d'appeler quelqu'un et aussi une fois que j'ai raccroché (et pendant l'appel évidemment qu'est-ce que ça peut bien faire on est plus à ça près)

- avant de commencer quoi que ce soit et après avoir fini quoi que ce soit et pendant quoi que ce soit

voilà où j'en étais arrivée

Vous voyez, j'étais devenue complètement accro. Ça me rendait mal physiquement évidemment et je me faisais peur (tousse, crache le matin, siffle en respirant le soir, essouflée au moindre effort) et mal moralement (vieille avant l'âge, peau et cheveux dans un piteux état, dépendante, accro, toujours énervée, toujours à vérifier qu'il en reste au moins un paquet d'avance, peut rien faire, rien, sans en fumer une).

Le lundi 8 novembre 2010. C'est le jour où le prix des cigarettes a augmenté (encore). D'abord j'ai passé des heures à pester contre l'industrie du tabac, contre l'état, contre tout le monde, la haine, j'avais une haine terrible, toujours les mêmes qui trinquent, qui fume le plus ? Les gens pleins de pognon ? Les gens pour qui tout va bien la vie est belle ? Non, c'est nous, les petits budgets. Nous sommes encore pris en otage. C'est statistiquement prouvé que ça ne change rien. Si je veux je fume bande de s... Si je veux je fume et quand bien même vous me passez le paquet à 7 Euros si je veux je fume encore. Je boufferai des pâtes et je continuerai à fumer.

Et puis je ne sais pas ce qui s'est passé mais lundi matin je n'ai pas racheté de cigarettes.

Je me suis dit que peut-être, seulement peut-être, ce serait pas mal de commencer à faire autre chose de ma vie que de m'empoisonner.

Comments

[ines]

oups, ça fait un moment que je me suis connectée à ton blog, j'ai fait une pause, des trucs à faire, et je reviens pour finir de lire.
en t'écrivant, là, je fume. mais je sais que je vais bientôt arrêter (pourquoi pas maintenant ? parce que j'ai encore quelques trucs à faire avec elle, cette amie comme tu dis -ce que je pense aussi depuis que je m'interroge sur mon arrêt). en fait, c'est amusant, j'ai pris la décision en même temps que toi, mais toi tu l'as réalisé, et moi je traine en attendant le bon moment (une fois ce fameux truc achevé).
j'ai hâte d'y être, et en même temps j'ai peur, parce que dans ce que tu écris je me retrouve, j'ai arrêté pendant 24h cet été, et j'ai beaucoup pleuré. j'ai peur de ce deuil, je sais que je vais être très mal (enfin je suppose) mais il va me falloir trouver la force de tenir.
ma motivation est aussi ma santé. beaucoup plus que le prix du paquet de tabac (je les roule, depuis tellement longtemps, j'ai toujours préféré une roulée à une toute prête). le paquet pourrait couter 10€ que, comme toi, je serais en colère contre ces marchands de mort et cet état hypocrite, mais je continuerais à fumer si ma capacité respiratoire me le permettait. c'est con. mais c'est une addiction.
tu parles de cancer, mais ce n'est pas le seul risque que les fumeurs prennent. il y a aussi la bronchite chronique obstructive, dont je suis atteinte (vérifiée par radio des poumons) : toux très fréquente, perte de capacité respiratoire, sifflements, obstruction, crachats (ou pas, c'est le plus dur), voire douleurs la nuit. à terme, cette maladie mène à l'emphysème pulmonaire. qui tue, comme le cancer.

enfin bref.

je te souhaite tout le courage nécessaire. toute la force.

:)