M*rde à cigarette (jour 9) et la vérité vraie

Alors que le 9e jour s'achève et que demain soir je vais pouvoir dire "ça fait 10 jours" (c'est tellement surréaliste, parfois j'ai l'impression que ce n'est pas vraiment moi, pas vraiment ma vie) je sens parfois une angoisse qui remonte depuis les abysses, un truc énorme qui se matérialise par une boule de feu qui me brûle les tubes et les poches et les machins gastriques. Je ne sais pas quand ça va s'arrêter.

En même temps, une envie de me prendre en main et d'aller de l'avant, surtout le matin au réveil.

Donc il est clair que le matin c'est bonheur et le soir c'est horreur.

Il faut que je gère ça.

Pas vraiment envie de fumer, pas "vraiment vraiment" comme on pourrait se dire "ça va être terrible de résister" mais NON, non je vous jure que non, tout ce qui peut pousser à ne pas "résister" à ces idées de fumer (ce ne sont pas réellement à proprement parler des "envies" pour moi plus des idées ou des souvenirs nostalgiques) ce sont les sentiments et les émotions : colère, stress, angoisse, tristesse...

C'est donc pour cela que je pense qu'il y a des moments dans la vie peu propices à l'arrêt, il est clair que si j'avais fait ça il y a 4 ans, de toute façon je l'aurais pas fait, mais en admettant, il est clair que je serais devenue FOLLE sans elle, en même temps quand on fume et qu'on lit ça "si c'est pas le bon moment vaut mieux pas" (et je sais bien de quoi je parle) ça nous donne des raisons pour pas se décider, donc comme arrêter de fumer c'est un peu arrêter de se mentir à soi-même : décider d'arrêter de fumer, c'est déjà un pas vers la vérité que l'on se doit à nous-même, quelle est cette vérité que nous nous devons à nous-même?

 Je ne suis PAS moins capable qu'un(e) autre d'être heureux/heureuse sans adjuvant au bonheur

Il n'y a RIEN qui que je sois et quoi que j'ai pu vivre et faire qui justifie que j'imprègne chaque jour mon corps de substances hautement toxiques avec 1 chance sur 2 de chopper un truc grave et même un truc dont on ne guérit pas

Il n'y a RIEN ni PERSONNE dans ce monde qui justifie que je sois si mal à l'aise ou si peu confiant(e) ou si stressé(e) pour que je fume en présence de certaines personnes ou dans certaines situations comme si ça ne pouvait pas se passer autrement

Il n'y a RIEN ni PERSONNE qui me fera jamais autant de mal que celle qui se fait passer pour mon soutien, mon amie, mon anti-déprime, c'est la pire des garces

Enfin, nous nous devons à nous-même une autre vérité mes amis d'intoxication,

il n'y a AUCUNE raison que je donne plus d'argent que les autres pour remplir les poches de l'état qui me laisse sournoisement CREVER à petit feu !

Si je fumais, ce serait comme si je venais de sortir d'un tunnel où on y voit rien, et alors que je m'éloigne de plus en plus du tunnel bon faut marcher pas mal c'est un peu fatiguant mais je m'éloigne, tout à coup en fumant, je serais brusquement aspirée dans le tunnel et je me retrouverais, même pas proche de la sortie comme il y a presque 10 jours, mais tout à l'autre bout, à l'entrée du tunnel, avec tout le tunnel à re-traverser

ça j'en suis sûre

c'est pour ça que je veux pas refumer

mais le soir c'est terrible

je viens ici écrire parce que parler de ça à des fumeurs c'est la pire chose à faire pour l'amitié

chaque fois que je partage ma joie c'est comme si je leur disais non mais tu t'es vu comme tu pues ? endoctriné, berné, aveuglé, quand est-ce que tu vas te réveiller? Ils te volent ta santé et ton libre arbitre pour se faire du pognon.

chaque fois que je partage mes doutes et moments de fragilité, c'est prendre un risque (énorme et malgré toute la gentillesse et toute l'amitié et tout l'amour du monde) de m'entendre dire

tiens, prends-en une

  (ceci est de la compassion, de la compassion de fumeur mais de la compassion)

***

voilà c'est bon, l'envie de fumer est passée !

soyez forts les braves, je vous soutiens, je suis avec vous, je pense à vous même si je ne vous connais pas, je vous embrasse, c'est dur, plein de gens se plantent, plein de gens ne veulent même pas y penser, plein de gens essayent et ré-essayent et encore et encore, et aussi

 plein de gens réussissent!!!

et pour certains, c'était vraiment pas gagné, je pense à ceux qui ont l'âge de mes parents et qui décident d'arrêter après 30 ans. RESPECT.